[Mes persos] Le début d'une histoire.

Les acteurs principaux de l'histoire:




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Avant toute chose:

veillez à avoir lu au préalable (sans quoi vous risquez de ne rien comprendre à l'histoire):

L'Histoire de Delain

Les archives de Delain (regardez l'histoire du monde, et la carte de Delain, mais lisez le reste aussi, c'est intéressant et je pourrais éventuellement m'en servir plus tard)

Bonne lecture!

Peu nombreux étaient les Elfes nomades (que certains, surtout les Nains, qualifiaient de sauvages) à vivre dans la forêt au sud de Delainville, capitale dont le faste des habitants les révoltait. Ils erraient parfois en petits groupes plus ou moins fixes allant jusqu'à une dizaine d'individus, la plupart du temps seuls, d'un coin à l'autre du bois, depuis toujours, afin de ne pas user les ressources que la nature leur offrait. Cependant, le jour de l'invocation de Malkiar le Rouge et de la destruction de Delainville, tous se réunirent sous le grand chêne du centre de cette forêt, et s'organisèrent ensemble. Ils avaient eu la chance de n'être pas assez nombreux (et relativement assez bien cachés) pour intéresser le démon, apparemment désireux de faire le plus de victimes possible. En quoi une petite communauté d'une cinquantaine d'Elfes tout au plus l'intéresserait-elle, alors que des milliers de personnes l'attendaient dans les villes, à l'opposé, pour mourir? Il se contenta d'envoyer un petit groupe de jeunes morbelins à peine armés s'occuper du sale boulot.
Lorsque les monstres arrivèrent, ils ne rencontrèrent aucune résistance. Il faut dire qu'ils n'avaient vu qu'un faon et deux lièvres... La troupe, pas mécontente de n'avoir rien à faire, relâcha sa garde peu après avoir croisé le grand arbre, se disant que leurs ennemis ont dû fuir à la simple vue des suppôts de Malkiar... Les Elfes n'attendirent pas plus longtemps pour attaquer, les flèches filèrent droit vers leurs cibles. Aucun monstre n'eut le temps de pousser le moindre cri. Dès lors, le compte à rebours était enclenché: ils n'avaient que le temps que l'ennemi se rende compte de l'absence de l'escouade d'éclaireurs pour décider de la marche à suivre: fuir ou se cacher.
Quelques heures plus tard, une unité d'élite de l'armée morbeline s'approcha de la forêt. Quand le premier monstre posa le pied dans l'humus, il ne put le lever pour refaire un pas, il manqua alors de trébucher. Ses yeux se baissèrent vers sa botte droite et il vit d'épaisses ronces qui lui enserraient la cheville et commençaient à grimper le long de sa jambe. Le fer de l'amure était épais, mais les épines étaient assez solide et l'étreinte de la plante assez puissante pour le percer et blesser le guerrier. Il poussa un cri de surprise et de souffrance, aussitôt étouffé dans un gargouillis sanglant provenant de sa gorge, une flèche venant de la lui transpercer. Le reste du groupe était resté en retrait et ne perdit pas son calme. Au contraire, le chef de la troupe fit une grimace qui ressemblait à un sourire, et aboya quelques mots. Dans la seconde trois arbalétriers sortirent des rangs, l'arme à la main, déjà chargée. ils enflammèrent leur carreau et tirèrent l'un dans un arbre proche, les deux autres dans les buissons d'où semblait provenir la flèche qui avait tué leur camarade. C'est à ce moment précis que la bataille commença.
Au petit matin l'incendie s'était calmé et finissait de mourir. La forêt souffrait maintenant d'une plaie noire béante consistant en un grand demi-cercle de cendres, dont le centre était un petit amoncellement de corps plus ou moins brûlés - certains grésillaient encore -, d'armes et d'armures éparses, là où à l'origine se trouvait l'orée des bois; la limite s'arrêtait juste devant le grand chêne.
Au milieu de la matinée, celui-ci sembla lentement se pencher vers le nord, et l'une se ses immenses racines, la plus au sud, s'arracha du sol pour se dresser vers le ciel. Un Elfe armé d'un bâton sortit la tête du trou. Encouragé par l'absence de bruits suspects, il se glissa au dehors pour constater l'étendue des dégâts. Lui, deux mères et tous les enfants qui ne savaient encore combattre s'étaient cachés dans une cavité creusée sous l'arbre protecteur, ce dernier camouflant l'entrée sous sa racine et brouillant leur odeur avec les siennes, c'était là le plan mis sur pied par toute la communauté, l'affrontement n'avait été qu'un leurre destiné à retenir l'attention de l'ennemi.
Tous avaient entendu simultanément les sons de la bataille et les ravages du feu, mais les premiers s'étaient tu avant les seconds... Le guerrier se hâta sur les lieux du combat. Il y trouva tous les corps des autres combattants Elfes et seulement ceux d'une poignée de monstres. Les larmes lui piquèrent les yeux et lui brûlèrent les joues, mais il savait que c'était mieux ainsi. Une partie des assaillants avaient réussi à survivre, et comme aussi bien les hommes, les femmes et les enfants (ceux-ci n'étaient exclusivement que des archers) avaient combattu et que le brasier avait commencé à s'étendre dangereusement, les morbelins ne se s'étaient pas posé de questions et avaient déguerpis pour fêter leur victoire, laissant les flammes faire leur oeuvre. Plus aucun monstre ne viendra, maintenant. L'Elfe s'en retourna dans la cachette pour annoncer l'amère nouvelle aux autres rescapés.
Tout le temps des combats contre Malkiar et ses sbires ils restèrent cachés sous le chêne, vivant des provisions qu'ils avaient préparées avant l'affrontement, même s'ils savaient que plus personne ne viendrait (les monstres étant convaincus de leur mort à tous, et les rares autres à avoir connu leur existence ayant péri avec Delainville). Ce fut avec un réel soulagement qu'ils sortirent, le matin où, au réveil, les lointains bruits de combats s'étaient arrêtés, après s'être dangereusement approchés de leur position les derniers jours. Dès lors, une nouvelle vie commença pour ces Elfes à présent inconnus de tous et encore plus éloignés des autres races humanoïdes qu'au temps de la gloire de Delainville...
Très vite, la plus vieille des deux femmes prit la tête du groupe, aussi bien parce que l'âge lui avait conféré de nombreuses expériences qu'à cause de sa qualité de druidesse et de ses connaissances de la nature et des traditions qui en découlent. La seconde femme se fit chasseuse et l'homme s'improvisa cueilleur, avec l'aide de quelques enfants. Ceux-ci étaient au nombre de douze au total; deux avaient l'esprit assez développé pour apprendre les bases de la vie de druide, quatre étaient en âge de chasser, trois autres aidaient à la cueillette et à l'éducation des trois plus jeunes, dont un nourrisson. Quelques mois plus tard seulement, il fut décidé à l'unanimité qu'un village serait créé aux pieds de l'arbre protecteur que l'on nomma Alda-Alya (l'Arbre-Prospérité) auquel l'on devrait respect et amour tout au long de son existence terrestre et au delà. C'est ainsi que naquit le clan Esteloira, les Elfes à l'éternel espoir, il y a un millénaire et des poussières de siècles.
Cette histoire n'est peut-être qu'une légende, mais c'est la notre, c'est celle de notre ville, c'est celle de notre civilisation disparue.


Antawenesse, petite fille de la dernière Grande Druidesse d'Esteloira, le 16 Clairciel de l'an 1473 selon l'ancien calendrier d'Esteloira, introduction de l'Enwinacuile.